Histoire de la cathédrale

La première église de Coutances

 

 

 

 

 

 

 

 

L'antique Cosedia gauloise, dont le peuple était les Unelles, devint au IVe siècle une cité romaine importante sous Constance Chlore qui lui donna son nom de Coutances (Constantia).



C'est vers 430 que Saint Ereptiole, évangélisant le peuple païen local, aurait construit une église, sans doute en bois, de type basilical à une seule nef, sur le lieu d'un temple gallo-romain (voir ci-contre le plan imaginé par l'abbé Pigeon).
Cette première basilique aurait été détruite par les Normands vers 866.


La cathédrale romane

Ce n'est que vers 1030 qu'une nef "dans le style roman le plus pur" commença à être construite par Robert, ex-évêque de Lisieux ; mais il décédait en 1048 et ce sera donc Geoffroy de Montbray, évêque à sa suite, qui contribuera à l'édification de la cathédrale romane, en pierre de granit du pays, achevée dans la deuxième moitié du XIe siècle. Les fils de Tancrède de Hauteville contribuèrent par leurs exploits et richesses ramenées de Calabre (futur royaume de Sicile) au financement des travaux, et leurs "sept statues ornèrent le portail nord en signe de reconnaissance" (J. Toussaint).
 
Guillaume le Bâtard, dit le Conquérant, aida aussi puisque Geoffroy de Montbray participa à la conquête de l'Angleterre. Le 8 décembre 1057, la cathédrale fut consacrée, quelques années avant la bataille d' Hastings (1066). Une période "d'éclat et de prospérité" débutait pour le diocèse de Coutances. "Cette cathédrale romane était de dimensions... égales à la construction gothique qui subsiste, d'après les nombreux vestiges qui en restent" (J. Toussaint).


La cathédrale gothique

 Il est maintenant quasiment certain que ce n'est pas cette cathédrale de Geoffroy de Montbray que nous pouvons encore admirer de nos jours. Les nombreuses études contradictoires sur l'édifice actuel aboutissent à un consensus quasi unanime quant aux dates mais retenons l'essentiel.
La forme globale est restée, mais habillée du nouveau style, dit gothique, au début du XIIIè siècle. Chaque tour romane subsiste au cœur de chaque tour gothique de façade, le mur extérieur roman du vaisseau se repère dans les tribunes romanes au-dessus des bas-côtés gothiques. Mais nulle trace romane dans le chœur et le transept.
C'est à l'évêque Hugues de Morville (1208-1238) que l'on doit la réédification de la cathédrale dans son style ogival.

La cathédrale romane n'aurait pas été détruite par un incendie (1218) mais remaniée bien avant (dès les toutes premières années du XIIIe) à l'aide des découvertes récentes en maçonnerie (croisée d'ogives notamment et poussées renvoyées sur les piliers par l'intermédiaire des arcs-boutants) , comme à Lisieux (1170-1195), Laon (chœur terminé en 1180), Soissons (1170-1205), Saint-Étienne de Caen auparavant, mais aussi Bourges (chœur entre 1200 et 1214), Le Mans (1175-1220), Chartres(depuis 1194), Rouen (début XIIIè siècle) et, plus proches, les abbayes de Savigny-le-Vieux, de Hambye et la merveille du Mont-Saint-Michel.  Des analogies sont évidentes entre les cathédrales de Coutances, Bayeux et Le Mans (le chœur). Ce style gothique permettait d'inonder les édifices de lumière, d'aller toujours plus haut, et ainsi d'évoquer la tension vers la Jérusalem céleste. Coutances reste un modèle en caractéristiques normandes, par exemple la "galerie normande" de circulation située au pied des fenêtres hautes, mais aussi le plan et l'élévation en trois niveaux.